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Ellana's mind
24 juillet 2009

Juste splendide ....

Yslaire_Bruxelles_avant  yslaire_Bruxelles_apr_s

L'autre jour, je vais à la bibliothèque, et je tombe sur deux bandes dessinées -une série-,
"Le ciel au-dessus de Bruxelles", d'un certain Yslaire.
Ce nom me dit quelque chose, je ne cherche pas, je les prends.

A peine j'ai ouvert la BD que je comprend mieux : Bernar Yslaire, l'auteur de "Sambre", mais bien sur !!
Je mets à dévorer immédiatemment ce petit chef d'oeuvre.

Et là, surprise, toujours la même gestion du scénario, des retours dans le temps,
toujours les mêmes graphismes, le même style inimitable. Mais surtout, la vraie surprise : l'actualité.
Car contrairement à la série "Sambre", Yslaire parle ici de l'actualité pure et dure,
avec images et captures de reportage à l'appui.

Mais qui mieux que l'auteur pour en parler n'est-ce pas ? C'est pour ça que j'ai décidé de copier ici la note (certes, longue) qu'il a rédigé à la fin de son histoire, note qui m'a assez bouleversé, je dois l'avouer ...

Je vous laisse lire par vous même ...

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Imagine que Roméo soit juif et Juliette kamikaze ...
C'est une fiction bien sûr, un conte de fées, comme l'a qualifiée un ami arabe.
Car, faut-il le répéter en ces temps troubles, tout ce qui est narré et dessiné ici n'est qu'imaginaire.
C'est une bande dessinée. En revanche, tout ce qui est en photo est bien réel.
Directement issu des journaux télévisés qui passaient à l'époque.

C'est une bande dessinée ... provocante ?
Beaucoup moins que le in-bed de John Lennon et Yoko Ono.
Rappelons les faits : en 1971, dans une chambre du Hilton d'Amsterdam, un homme occidental
et une femme asiatique font l'amour au vu et au su des caméra du monde entier, pour protester contre
la guerre au Vietnam. Trente ans plus tard, Jules et Fadya font pareil, mais ce sont des personnages de fiction.
Ils n'existent pas "réellement".
D'ailleurs, Jules n'est pas vraiment juif, car les Kazars, comme il est dit dans l'album,
n'existent plus depuis le douzième siècle. Et puis, furent-ils vraiment juifs ?
Un ami me dis qu'à Tel-Aviv, on rirait de cette question. Ce sont des convertis, des bâtards ...
Quant à Fadya, elle est née en Belgique, à Schaerbeek. Elle n'a jamais foulé le sol de sa terre d'origine.
Peut-être a-t-elle même laccent belge ... C'est une beurette, une bâtarde
en somme, comme Jules. Comme beaucoup de belges qui parlent le français et qui ne le sont pas. Comme moi.
On a tous quelque chose en nous de Fadya et Jules. Même si nous ne portons pas tous une ceinture d'explosifs.
Cela dit, "Make Love Not War" a toujours été un slogan provocant. Surtout pour les militaires.

Alors, choquante ?
Peut-être pour certains. La crudité de certaines scènes pourrait en effet justifier ce qualificatif.
Mais au risque de répéter ce que j'ai tenté de développer dans cet album, la querre n'est-elle pas plus obscène ?
Tuer son prochain est-il plus moral que d'assurer la survie de son espèce ?

Moi, j'ai peur de la guerre. Et des terroristes. Le désir de cette histoire est né comme un besoin, à la veille
du déclenchement de la guerre en Iraq, au vu de cette nouvelle défaite des pacifistes. Qu'est-ce qu'on peut faire quand les
puissants décident de faire la guerre ? Ma seule réponse est cette BD. C'est-à-dire pas grand chose à côté des milliers de
personnes qui meurent ou se font torturer, pour la "bonne" cause, ou contre "l'axe du mal".
J'ai besoin de rappeler naïvement que l'amour est préférable à la guerre. Même crûment.
De prêcher pour le rapprochement des cultures et des peuples. De dépasser les apparences et les clichés.
De raconter une histoire qui fait chaud au coeur, et sans doute pas aux esprits.

A force de voir le monde qu'à travers les images du JT, on finit par oublier que toutes les télés mentent par omission :
les acteurs de ces drames filmés en temps réels ne se résument pas à leur identité politique ou religieuse, ce sont d'abord
des êtres humains, avec une histoire qui dépasse largement le cadre de l'évènement pour lequel ils ou elles ont été filmés.
Ils sont tous différents, tous uniques. Avec un corps fait de chair et de sang, pour aimer, et des sentiments qui peuvent
les faire changer d'avis au dernier moment. Oui, cela existe des kamikazes fanatiques qui ont renoncé.
Je ne crois pas à la fatalité de la naissance ou de la culture.
Je crois qu'on a le droit de se rêver autrement. Je dirais même qu'à l'heure de la réalité fiction, de l'actualité-spectacle,
c'est un devoir d'imaginer un monde différent de celui qu'on nous montre. C'est le premier pas pour le changer.
En ce sens, l'histoire que je raconte n'est pas politiquement correcte. Mais ce qui est certain, c'est qu'il n'y a aucune
intention d'immoralité ou de généralisation. Je ne cherche pas plus à cautionner les kamikazes, qu'à discréditer les musulmans. Non, tous les Arabes ne sont pas terroristes, et réciproquement
J'ai le plus profond respect pour toutes les religions, et toutes les philosophies qui ont chercher dans l'homme et
la femme le meilleur d'eux-mêmes. Et mon espoir n'est pas de choquer, mais de donner envie de paix et d'amour.
Naïvement. Même crûment.

Si, malgré tout ce que j'ai dit précédemment, je choquais certains, alors je fais appel
à leur tolérance culturelle pour me pardonner.
Humblement.
B.Y.

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Je crois profondémment en tout ce que vous venez de lire, et je me pense aussi naïve que le dit Yslaire.
Malgré cela, j'ai besoin d'y croire, c'est un espoir qu'on ne pourra me retirer.

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Commentaires
E
Héhé, contente de t'avoir donné envie de la lire ^^
N
Une seule chose à dire, je cours acheter cette BD dès que je peux >o<
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